lundi 24 janvier 2022

 

                                

                       El Minho       

 

                             

Le ciel était d’azur, mais les feuilles tombaient,

Ce n’était plus l’été, l’automne s’installait.

Des jacquets exténués achevaient leur étape,

Pensant à leur soirée, quand viendraient les agapes.

                              ……..

Avons quitté Porto depuis quelques jours déjà

Et ce soir tous les sept, parvenons à Caminha,

Un petit bourg tranquille au bord d’un grand estuaire.

Bel endroit pensai-je, qui ne saurait déplaire.                                       

                              ……..

Ce soir c’est décidé, communs seront les plats.                 

Nous partageons les rôles, les uns font les achats,                    

D’autres dressent la table et la couvrent de fleurs.

Tous sont à la tâche et dans la bonne humeur.      

                              ……..      

On sort les victuailles, le jambon, le boudin,

Sans omettre le pain, le fromage et le vin.

Chacun prend sa place, Kati en bout de table,

Les autres tout autour, en cachant les portables.

                              …….

Les discussions s’engagent, les échanges vont bon train.

On parle de la journée, puis on pense à demain.

Ce sera compliqué, il faut couper le fleuve.

On regarde le temps, le risque c’est qu’il pleuve.

                              …….. 

La nuit fut bien courte, le réveil trop matinal.

J’ai beaucoup réfléchi, mais rien d’original !

Je suis ainsi conçu, l’inconnu m’oppresse,

Dès mon plus jeune âge, trop souvent je stresse.           

                              ……..

Nous sommes sur le quai à attendre les bateaux ;

La brume et l’air frais n’annoncent rien de beau.

Soudain des ténèbres deux rafiots surgissent ;

Ils sont faits tout de bois, sans voile que l’on hisse

                              ……..

Nos passeurs nous saluent, font les présentations ;

Ils sont entre deux âges, pêcheurs de profession.

L’un se nomme Thiago et l’autre c’est José ;

Ils sont père et fils, pas pour autant alliés.

                              ……..

Les deux hommes discutent, ne semblent pas d’accord ;

L’un craint la forte houle, l’autre joue les cadors.

Rien ici ne rassure et je crois que je rêve,

J’aurais aimé attendre que le jour se lève.   

                              ……..

Il nous faut embarquer, répartir les charges ;

La planche est étroite et laisse peu de marge.

Katy à ma droite, Greg et Linda devant.

Puis les rafiots démarrent, nous plaçant face au vent.

                              ………

Sous le ciel lugubre, nous progressons sur l’eau.

La mer un peu trop forte chahute le bateau

Et rompt une lame qui se lève et se brise.

L’eau envahit la cale, personne ne maitrise.

                              ……..

Katy a pris ma main, je vois bien qu’elle a peur.

Les frissons que j’y sens sont ceux de la frayeur ;

La frayeur de l’esprit et de perdre la vie.

Je ressens tout pareil cet instinct de survie.

                              ……..

Je songe à mourir, me demande encore :

Est-ce que ça fait mal ? Et où ira mon corps ?

Mangé par un requin, échoué sur la plage ?

Je ne pensais pas que j’avais déjà l’âge !

                              …….. 

L’autre barque a vu et vient nous secourir ;  

Sans perdre plus de temps, nous quittons le navire.

Nous nous savons sauvés, Katy sèche ses yeux.

Et tant pis pour la mort elle m’attendra un peu !   

 

                                      Alain HUMBERT

                                                               22 janvier 2022











Sur le quai au petit matin









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