dimanche 31 décembre 2023

 

On coule !

 

L’air était encore doux en ce jour d’automne,

La brume dissipée et le vent assez sage ;

Une journée rêvée pour affronter la Saône,

Présumait Achille sur le bord du rivage.

 

Assurément dis-je, pas une onde qui plisse,

Aquilon tombé et la brise qui paresse,

Nous vaut aujourd’hui que la rivière soit lisse

Et que l’air ne délivre la moindre caresse.

 

Conforté par ce raisonnement implacable,

Après comme il se doit les contrôles d’usage,

Non sans négliger le gilet et le portable,

Le navire est armé pour quitter le rivage.

 

Achille tel un pro achève le gréement,

 Raidissant les muscles pour hisser la grand-voile

Qui insensiblement se gonfle avec le vent.

Jusqu’à entendre, en haut du mât, frémir la toile.

 

Le petit bateau blanc largue enfin son amarre,

Glissant silencieux sur le fleuve brillant.

Au mousse novice on a confié la barre,

Sans douter un instant qu’il soit assez vaillant.

 

La rive n’est plus qu’un fin trait à l’horizon.

Chacun dans son rôle collabore en silence,

Gérant la vitesse, gardant l’inclinaison,

Manœuvrant de concert en bonne intelligence.

 

La brise nous portait rendant gaie la régate

Quand soudain sans raison le bateau se figea.

Achille en fin marin connaissant la mer plate

Sorti le spinnaker, jamais ne paniqua.

 

Quand il vit la poupe se noyer dans l’eau grise

Il sut que le salut ne viendrait pas des voiles.

Rien ne servait alors de les mettre à la brise,

Alors que déjà la proue comptait les étoiles.

 

Le voilier prenait eau sans la moindre fissure.

Achille mesurant les dangers de la houle

Pour avoir déjà vécu pareille aventure

Poussa ce cri de détresse : « Maman on coule ! ».

 

Alain HUMBERT

30 décembre 2023

 


 



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