vendredi 25 mars 2022

Camino Frances

 

       Camino Frances

 

J’ai franchi Roncevaux sans entendre le cor,  

Roland depuis longtemps y a trouvé la mort.

Nulle stèle de marbre où est gravé son nom,

Seule une fontaine se souvient des Vascons.

 

J’y ai tiré de l’eau, empli ma calebasse,        

Bu de longues gorgées afin que soif se passe,

Puis d’un pas décidé, sans prendre de répit

Puisé dans mes forces pour gagner Zubéri.

 

Au sommet Del Perdon des pèlerins de fer

Luttent contre le vent, semblant vivre l’enfer.   

Ils ne sont que douze, Judas paie sa disgrâce,

Dieu ne peut pardonner, trahir laisse des traces.

 

Je découvre ébahi la cité millénaire

Où se fondent en un tous les Chemins jacquaires ;

L’Église du Crucifix et son Christ de bois

Celle de Santiago dans un lieu bien étroit.


Des jacquets se noyaient en coupant la rivière.

La Reine fit construire un vaste pont de pierres

Et depuis ce jour, à Puente la Reina,

On ne rend plus son âme en traversant l’Arga.


Plus bas dans la vallée, suivant le Camino,

Nul ne peut manquer la Fuente de vino,

Une fontaine en or où l’eau ressemble au vin.   

Quoi de plus agréable aux yeux d’un pèlerin ?


J’ai passé Pampelune, arpenté la Navarre,

Aimé la Rioja et son fameux nectar,

Puis suivi mon chemin sous un soleil de plomb,

Trainant mon lourd fardeau à travers les vallons.

 

 Au loin, deux grandes flèches percent l’horizon,

Soutenant le ciel gris au-dessus des champs blonds.  

Je reconnais Burgos avec sa cathédrale,

Un chef-d’œuvre de l’époque médiévale.


Sous une dalle en marbre, elle cache un trésor

Qui n’intéresse pas ceux qui cherchent de l’or.

C’est ici que Le Cid a fini son combat,

Chimène à ses côtés, peut-être dans ses bras !

 

Dans mes pensées trop floues apparait un cheval

Et un cavalier mort qui brave son rival.

Je sortis apaisé de savoir les amants,

Sous ce marbre brillant autant qu'un diamant.


J’ai fermé la porte de la sublime ville,   

Découvrant le plateau et ses terres d’argile,

Ces vastes champs de blé qui fuient à l’horizon

Et qui changent de couleur à chaque saison.

 

Des nuages parsemés promènent leur ombre

Rendant les cultures dans certains lieux plus sombres.

Je suis la Meseta, vous l’aviez deviné,

Un bien joli prénom que l’homme m’a donné.


Je vous quitte à Léon, ne versez pas de larme,

Cette cité romaine a bien autant de charme.

À Saint Isodore reposent tous les rois

Dans d’immenses tombeaux que surmontent des croix.


Ce Chemin m’éblouit, chaque sommet gravi

Dévoile à mon regard des beautés à l’envi :

Ici un village sans personne dehors,  

Sur la place, une église aux allures de fort.

 

Doucement, je poursuis comme le papillon,

Volant de fleur en fleur au gré de l’aquilon,

Me posant maintes fois pour humer le bonheur,

Jouir de ces moments d’une grande douceur.

 

Passé El Acebo se dresse un monticule

Qui retrouve la paix quand vient le crépuscule.

Les jacquets déposent dessous la croix de fer

Leur caillou du jardin pour éviter l’enfer.

 

On m’avait prévenu que la route était belle,

Autant qu’une jolie robe en fine dentelle,  

Mais on n’avait pas dit que chaque jour nouveau 

Serait plus merveilleux et encore plus beau.


Le relief a changé, les plaines moins nombreuses,    

Les montagnes plus hautes, les vallées plus creuses.

Quelques pas encor, la Galice tend ses bras,

Montrant au Cebreiro ses jolies pallozas.


Dans un temps bien lointain, Dieu y fit un miracle.

Sitôt que fut sortie, l’hostie du tabernacle

Il la changea en chair, et ensuite, versant

Le bon vin de messe, le transforma en sang.


Encore quelques lieues pour clore ce périple

Avant de contempler la châsse du disciple.

Les rires sont couverts par le bruit du silence

De ceux qui sont venus pour faire pénitence.

 

Tel un large fleuve que l’affluent grossit

Chaque jour que fait Dieu, le Chemin s’élargit.

Un torrent a surgi de la voie d’Oviedo,              

D’autres de La Plata et du Primitivo.

 

Il en sera ainsi jusqu’à son estuaire,

Jusqu’à ce qu’il s’engouffre dans le sanctuaire.

Bannis ces gens sans foi partis de Sarria

Qui n’ont pour objectif que la Compostela.


Après Lavacola je rince mes guenilles

Dans un ruisseau d’eau claire où les truites frétillent

Les âges ont préservé ce rite immuable

Pour devant Saint-Jacques, demeurer présentable.

 

Ce matin à l’aube, j'entre à Santiago

Et découvre la place de l’Obradoiro.

Les pèlerins nombreux y partagent leur joie

Oubliant ces moments de galère et de froid.


Ce soir à l’office, j'écouterai la sœur

Dont la voix de cristal résonne dans le chœur.

Je ne manquerai rien du Botafumeiro

Que font danser au ciel huit tiraboleiros.


Demain, dès l'aube, quand sonnera l’angélus,

J’irai par ces chemins bordés d’eucalyptus,

J’irai à Fistera brûler mes souvenirs,

Si le cœur m'en dit, à Muxia pour finir.

 

Alain HUMBERT

18 mars 2022

Roncevaux

 

 

La fontaine de Roland


 

Pèlerins de métal à El Perdon

Le pont de Puente la Reina

Confluents des Chemins

La fontaine de vin    



La cathédrale de Burgos

Le tombeau du Cid et de Chimène

Le Cid mort sur son cheval

La Meseta

San Isodore ; les tombeaux des rois


Eglise aux allure de fort

La croix de fer


Une Palloza

Le miracle

Les reliques de Saint-Jacques

La Compostela
 
Lavacola

Le flot des pèlerins  vers Sarria

Santiago - Place de l'Obradoiro

La petite soeur

Le Botafumeiro


Fisterra

G
M
T
Y
Fonction Sound est limitée à 200 caractères

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire