mercredi 26 janvier 2022

     

 

                                       Ernesto

 

Enfin le Cebreiro, miracle du Chemin !   

Que de jours de galère, de départs matin !

Adieu la Meseta, bonjour la Galice.

Tu ne peux deviner combien de sacrifices

Il m’a fallu faire pour atteindre tes rives,

De contrées traversées avant que je n’arrive.

 

Un vieillard me hèle, la canne à la main.                  

Il me dit que souvent il voit des pèlerins,

Qu’il aurait bien aimé aller à Santiago,

Pas à pied, trop ardu, mais plutôt à vélo,

Qu’aujourd’hui il souffre et n’aurait plus la force,

Que ses douleurs au dos seraient bien trop atroces.

               

 Il m’invite, je le suis, c’est tout près.

Une demeure de ferme en pierres de grès.

Il s’appelle Ernesto et vit seul dans ce lieu.

Sa femme décédée, ses fils sous d’autres cieux.

Il aurait bien voulu que la mort l’emporte,

Sa vie n’a plus de sens, son épouse est morte. 

 

 Une pièce suffit, tout y est réuni :

La table, un évier, un buffet et son lit,

Aussi une cheminée où brûlent quelques buches.

Il se lève, va au placard, prend une cruche,

La remplie à l’évier et revient nous servir ;

Il veut que nous trinquions, avant de repartir.

 

 D’un panier, il tire une noix, la plus belle

Et dit : –– Je veux que tu l’emmènes à Compostelle,

Qu’elle entre dans cette grande basilique,        

Tu sais, je suis vieux, pour autant catholique.   

Puis il faut se quitter, on est triste, on s’embrasse ;

Je prends mon sac, mon grand bourdon, ma calebasse.      

                       

Compostelle c’est loin, je dois encore marcher,

Traverser les forêts, éviter les dangers,                               

Jusqu’au jour où enfin, apparait Santiago,

Les Plazzas Cervantes et de l’Obradoiro. 

Dans la Basilique, la messe a commencé,

Alors je me hâte, je veux y assister. 

               

Vînt ensuite la quête, on me tend le grand sac,

J’y plonge une main, dedans tout est en vrac.

J’y dépose la noix et ni vu ni connu.

La messe terminée, on sort le contenu.

L’évêque regarde puis remarque la noix,

Il a bien vu que le coupable c’était moi.

 

Il m’appelle, car il veut que je lui explique.

Je parle d’Ernesto aussi de sa supplique.

Monseigneur m’écoute puis il bénit la noix,

Avec le goupillon, fait le signe de croix,

Enfin la dépose devant le tabernacle,

En me disant : « mon cher fils, croyons aux miracles » !

 

                                                Alain HUMBERT

                                                           26 janvier 2022

 

 

 

 

Le miracle du O Cebreiro

 

 Frontière de la Galice

 

Les sacs de la quête

Ernesto


 
 




L'Évêque de Santiago

 

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