Ania et le Camino
J’atteins Ponferrada, vieille ville ibérique
Un fief qui fut jadis confié aux templiers.
Déjà le soir s'installe en la cité antique,
Faisant place aux frimas d'un mois de février.
Dans une rue en pente, une dame éplorée
Souffre en traînant vers moi son joli corps meurtri,
Tel un oiseau blessé peinant à s'envoler.
Au genou, un tulle que le sang a rougi.
La douleur, la détresse, incrustent son visage,
Mais ne peuvent voiler sa sublime beauté,
Ses yeux couleur azur, ses longs cheveux sauvages
Son sourire de feu aussi chaud que l'été.
Elle s’appelle Ania, me dit venir d’Ukraine.
Dans une rocaille, ses pieds l’ont laissé choir,
Une pierre a entaillé ses chairs jusqu’aux veines,
Avec, pour seul remède, un tout petit mouchoir.
Elle m'avoue alors pourquoi tant de tristesse,
Que ce n’est pas le pied, plutôt le cœur qui saigne,
Qu’elle est venue prier pour que la guerre cesse,
Qu'elle n'ait plus à vivre au rythme des sirènes.
Pour servir sa patrie, Ania a pris ses armes,
Sa force, ses jambes, son espoir et sa foi.
Vers la châsse d'argent, elle essuiera ses larmes,
Heureuse d'achever son long chemin de croix.
Alain Humbert
14 septembre 2022
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