Roncevaux

 

Depuis longtemps déjà, je ne songeais qu’à toi ;

Chaque soir au dîner tu trônais tel un roi.

Chacun se réjouissait, mais tous avaient très peur, 

Car de jacquets, ils allaient devenir grimpeurs.

 

Déjà par ton nom tu imposes le respect,

Tu comprendras donc que l’on puisse être inquiet.

Évoquer ta montagne sans penser à Roland

Serait comme sauter sans prendre son élan.

 

Ce ne sont plus les Vascons qu’aujourd’hui l’on redoute,

Mais les pentes raides garnissant notre route,

Nous obligeant sans cesse à reprendre le souffle,

Nous rendant impatients d’enfiler nos pantoufles.

 

Notre étoile se lève mettant le ciel en feu,

Pareil aux soirs d’automne où rougissent les cieux.

Chacun range son sac et n'oublie la prière

Pour n’avoir à souffrir, passé la rivière.

 

Impatients d’en finir, nous dévorons la butte,

Admirons la vallée, doublons ceux qui débutent

Et faisons signe à la Vierge de Biakorri

Qui nous voit cheminer au bord des champs fleuris.

 

Un vent de l’océan nous impose plus d’effort,

Mais ne peut distraire face à un tel décor.

Pas de sommet vaincu sans la photo de groupe ;

Adieu soucis, serons tous là quand viendra la soupe.

 

Alain HUMBERT

18 février 2022