Grenade
Je venais de Guadix, cité aux mille grottes
Où s’enterrent les gens sous d’étranges mottes
Avec des murs blancs adossés à la colline
Et de hautes cheminées pareilles aux usines.
J’avais passé Quentar, dévalé la montagne
Depuis un col si blanc qu’on eut dit la Champagne,
Longé ce ruisseau qui jaillit de la Sierra
Et que l’on nomme ici, Rio Aguas Blanca.
Des sommets enneigés, j’ai aperçu Grenade
Au fond de la vallée dans un écrin de jade.
Ville millénaire que nous a confié l’histoire
Et qui a su être beaucoup plus qu’un dortoir.
Nombre de merveilles nous narrent son passé,
L’Alhambra, un palais, non pas une mosquée,
Qui déploie ses pétales dessus la Sabika,
Le Généralife, et aussi l’Alcazaba.
Quiconque a manqué la Calle Elvira,
Les cuevas Sacro-monte aussi le Bib-Rambla
Et oublié Madraza dans sa longue balade
Ne pourra se targuer de connaître Grenade.
–– Dis-moi douce cité, qui t’a faite si belle ?
Serait-ce les Maures descendus du Djebel ?
–– Pas seulement Pèlerin ! Un peuple bien que grand
N’aurait à lui tout seul, sans autres conquérants
Bâti un tel royaume par-dessus la montagne
Et rendu si jaloux tous les princes d’Espagne !
Pendant que les pharaons, achevaient leurs tombeaux,
Les Romains m’édifiaient de luxueux châteaux,
Construisaient des routes, réalisaient des bains.
Byzantins, Wisigoths, Arabes, ont mis la main
Pour achever cette œuvre et faire ce que je suis,
Une perle qui brille le jour et la nuit.
Alain HUMBERT
10 février 2022
Maisons troglodytes à Guadix |
Passage du col ; paysage de craie |
Alhambra - Cour des Lions |
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