Fais-le !
Robert
— Qu’as-tu donc, cher ami, à parcourir le monde,
À quitter chaque année ta douillette demeure
Pour rejoindre ces lieux que le soleil inonde ?
N’as-tu pas comme moi envie de ce bonheur
Que nous offre la vie, plutôt qu’user ton corps
Sous des cieux bien lointains, sans le moindre confort ?
Alain
— Avec tout le respect que l’on doit à l’ainé,
Sache mon très cher ami, que pour être heureux,
J’ai besoin de marcher, non pas de paresser.
Quoi de plus enivrant, d’aussi délicieux,
Durant ce temps qui fuit sans espoir de retour,
Que d’oser humer tout ce qui brille alentour ?
Robert
— Alors, faut-il aussi que le Chemin ravisse
Pour y trouver plaisir et encor repartir !
Je ne peux comprendre que de tels sacrifices
Puissent autant te combler, toujours te ravir !
Comment se lever à l’aube, rentrer fourbu,
Peut inciter quiconque à être aussi mordu ?
Alain
— Tu sembles ignorer les ressorts qui m’animent.
Je conviens bien qu’il faille une dose d’audace
Pour quitter la routine et plonger dans l’abîme,
Mais tous ces souvenirs, que nulle gomme efface
Me poussent chaque année à découvrir encor,
À soulever ce voile étendu sur le monde
Pour voir l’invisible que cache le décor.
Quel intérêt de savoir que la terre est ronde
Si l’envie ne vient d’en effectuer le tour ?
À ceux qui comme toi n’entendent ce discours
Je leur dis simplement : « défonce les remparts,
Enfile les habits, fais-le, prends le départ ! »
Alain HUMBERT
7 décembre 2022
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire